Le petit Livre de Job

Présentation

Les manuscrits de la Bible historiale sont nombreux et leur production s’étale sur plus d’un siècle. Pour en dater la création il est un détail que Samuel Berger, un philologue de la fin du dix-neuvième siècle, a noté: contrairement à ce qu’avait fait Comestor, Guyart-des-Moulins a traduit dans son ouvrage le Livre de Job. Ce livre, à cause des récriminations de Job contre Dieu, pouvait en effet avoir semblé sulfureux à qui écrivait un ouvrage à destination de moines si incultes qu’ils ne connaissaient pas suffisamment les histoires de la Bible pour pouvoir répondre aux hérétique. Guyart-des-Moulins réintroduit de son côté Job dans le canon biblique comme il l’explique au début de l’extrait :

Remarquez que les Histories de Tobie devraient selon le Maître en histoires suivre le Quatrième Livre des Rois. Mais j’ai décidé de mettre avant Tobie le commencement et la fin du livre de Job, parce qu’il se trouve ainsi dans la Bible. Et même si ce début et cette fin ne devaient pas se trouver là, car cela ne correspond aux histoires, et le Maître n’en parle pas dans son ouvrage, je les ai ajouté à ce livre à cause de la beauté qu’ils renferment dans l’ordre suivi par la Bible.

Mais lorsque l’on examine la traduction manuscrite, on réalise qu’il existe deux types de Bibles Historiales. Les premières ont une version intégrale du texte de Job selon la Vulgate : il s’agit des manuscrits les plus récents ; les autres présentent une version résumée de Job, il s’agit des manuscrits d’avant 1330. Or ce « petit Job » laisse entendre la voix du traducteur en plusieurs endroits. C’est pourquoi il nous a semblé important de contribuer à la connaissance de ce texte en offrant la lecture de ce petit extrait qui illustre tout le paradoxe de la naissance d’une littérature biblique francophone. Ainsi, le passage de la récrimination contre Dieu amène-t-il le traducteur à  passer sous silence une partie de l’original :

Et les paroles qu’ils échangèrent sont si pleines de récriminations et de méchanceté que personne ne peut en entendre le mystère, à moins d’être très savant théologien. C’est pour cela que je vais passer outre, car personne ne devrait les traduire et seuls des gens très laids le feraient. Je me rendrai directement à la fin du Livre.

« S’il n’est savant théologien » (« grand clerc de divinité » dans le texte en ancien français), voilà qui laisse songeur et qui résume bien tout le paradoxe du « bien traduire ». On appréciera encore l’expressivité de certaines tournures choisies comme ce délicieux : « Satan lui répondit pel pour pel » (« Satan lui répondit du tac au tac ») qui souligne le travail sur la langue vulgaire à l’œuvre dans le passage.

Le texte que nous présentons ici est établi à partir de la retranscription de deux manuscrits : les manuscrits Arsenal 5057 et 5059. Nous avons reproduit fidèlement ce que nous lisions, et nous avons proposé quelques leçons vraisemblables. 

Texte et traduction

Notez ci que histoires de Tobie devroit selonc le maistre en hystoires tantost suivant après le quart livre des roys. Mais j’ai ci mys devant Thobie le commencement et la fin du livre Job, pour ce qu’il gist en la Bible devant Thobie. Et ne pourquant ne deussent il mie estre en cest livre, car il ne suit mis hytoires, ne li mestre n’en traite mie en hystoires, mais  je les ai mis en cest livre pour la voire et la biaute deus, en tel ordre come il gist en la Bible. Remarquez que les Histoires de Tobie devraient selon le Maître en histoires suivre le Quatrième Livre des Rois. Mais j’ai décidé de mettre avant Tobie le commencement et la fin du livre de Job, parce qu’ils se trouvent ainsi dans la Bible. Et même si ce début et cette fin ne devaient pas se trouver là, car cela ne correspond aux histoires et le Maître n’en parle pas dans son ouvrage, je les ai ajoutés à ce livre à cause de la beauté qu’ils renferment dans l’ordre suivi par la Bible.
Ci fine li quart livre des rois.Ci commence li livres de Job.Ici se termine le Quatrième Livre des Rois.Ici commence le Livre de Job.
En la terre de Hus fu uns homs qui ot a nom Job, qui estoit simples et droituriers et Dieu doutans et departans de tout mal. Il avoit .vii. filz et .iii. filles, et avoit en sa propre possession .vii. mil brebis et .iii. mil chameau et .v. cens charrues de bues et .v. cens asnes et avoit moult durement grans mesniee. Et estoit li plus grand sires de tout ceus d’orient, si qu’il faisoient grans mengiers chascun jour li uns à l’autre par grant amour chascuns à son tour. Et estoient auvecques eus leur .iii. suers au mengier et au boire. Quant li jour des mengiers estoient passes, Job envoioit à eus si les saintefioit et offroit pour chascun sacrefices à nostre seigneur et disoit: « Sire ne consentez que mi enfant aient pechié ains et donniez Sire qu’il vous aient beneï en leur cuers ».
En la terre de Hus était un homme qui avait pour nom Job,  homme simple et droit, craignant Dieu et fuyant le mal. Il avait sept fils et trois filles, et avait en sa propre possession sept mille brebis et trois mille chameaux et cinq cents charrues de boeuf et cinq cents ânes, et une très nombreuse famille. Ils étaient les plus grand seigneurs d’orient, car ils organisaient chaque jour de grands festins les uns pour les autres chacun leur tour en signe d’affection réciproque. Et leurs trois sœurs mangeaient et buvaient à la même table. Quand le jour des retrouvailles était passé, Job les renvoyait, les bénissait et offrait un sacrifice à notre Seigneur chaque jour. Et il disait : « Seigneur, accordez à Vos enfants la rémission de leurs péchés et accordez leur de Vous bénir en leur coeur ». 
Un jour il avint que li deables Sathan vint devant nostre Seigneur, si li dist nostre sires: « D’où viens tu ? ». Il respondi: « J’ai avironné la terre et alé partout ». Nostre Sires li dist: « N’as tu mie veü Job mon serjant qu’il n’a homme en terre semblable à lui, simples droituriers, moi doutans et departans de tout mal ? ». Sathan respondi: « Pourquoi ne te douteroit il ? Ne l’as tu mie conferé ? Et gardés à lui et sa mesniee et tout son amour et as beneies les cendres de ses masnes, si que tuit si bien monteplient chascun jour en terre ? Mais estent un poi ta main sur quanque il a, si verras adonc comment il te beneüra ». Nostre sires li dist: « Va. Tout quanque il a est en ta main, mais à son cors n’a de ser ». Lors se parti Sathan moult en lies de nostre Seigneur.
Un jour, il arriva que Satan, le diable, rencontra Notre Seigneur, et il Lui dit : « D’où viens-tu ? ». Il répondit : « J’ai parcouru toute la terre ». Notre Seigneur lui dit alors : « N’as tu pas vu Job, mon serviteur, qui n’a nul homme qui lui ressemble, lui qui est simple et honnête, qui me craint et fuit tout mal ? ». Satan répondit : « Pourquoi ne te craindrait-il pas ? Ne lui as-tu pas accordé tout ce qu’il désire ? Et ne lui as-tu pas permis de garder avec lui tout ceux qu’il aime ? N’as-tu pas béni les cendres de ses ancêtres, de sorte que ses biens continuent de multiplier sur terre ? Mais étends ta main sur tout ce qu’il possède, tu verras bien alors en quels termes il te bénira ». Notre Seigneur lui répondit : « Va. Tout ce qu’il possède t’appartient, à l’exception de son corps ». Alors Satan se sépara de Notre Seigneur tout content.
Un jour que li fil et fille Job menoient ensemble en la maison lor aisne frere, une messages vint qui si dist: «  Li buef aroient as champs et li asne paissoient d’encoste eux, et gens de Sabbee ferirent en mi eus si les en ont trestous menés et ocis les meigniees. Et je seul suis eschapés si te vieng nuncier.». Ainssint comme cil parloit, encore vint uns autres messages qui dist: «  Feus et foudres sunt descendu du ciel qui ont toutes ocises et arses tes berbis et tes meisgnes. Et je seul suis eschapés si te vieng nuncier. ». Celui encore parlant, vint un autres qui dist: «  Gens de Caldee firent .iii. batailles sur tes chameux, si les en ont tous menés et les mesniees ocises. Et je seul suis eschapés si te vieng nuncier». Lors se leva Job et descira ses vesteures et traisit ses cheveus. Et cheï à terre et aoura et aoura et dist: «  (J’)issi nus du ventre ma mere et nus reparrai en terre. Nostre sires le me donna, nostre sires le m’a tolu. ainsi est tant comme il lui plaist. Li nons nostre Seigneur soit beneois. En toutes ces choses ne pecha mie Job de sa (foie) ne fole parole ne parla contre dieu.
Un jour que les fils et filles de Job accompagnaient leur frère aîné dans la maison, un messager arriva qui leur annonça la chose suivante : « Tes bœufs retournaient la terre des champs pendant que tes ânes paissaient à côté quand les gens de Sabee fondirent sur eux et les ont tous emportés après avoir tué tous les tiens. Moi seul ai échappé et suis venu pour te l’annoncer ». Pendant que le messager parlait, un deuxième arriva en disant : « Le feu et la foudre sont descendus du ciel, tuant et brûlant tes brebis ainsi que tous les tiens ». Il n’avait pas fini de parler qu’un troisième arriva en disant : « Les chaldéens ont mené trois rapines sur tes troupeaux de chameaux. Ils les ont emmenés et ont tué tous les tiens qui les gardaient. Je suis le seul survivant, et je viens à toi pour témoigner ». Alors, Job se leva et déchira ses vêtements et arracha ses cheveux. Il tomba à terre et se prosterna et ajouta : « Je suis sorti nu du ventre de ma mère et c’est nu que je resterai en terre. Ce que le Seigneur m’a donné, Il me l’a repris. Telle est sa Volonté : béni soit Son Nom ». Job ne pécha jamais contre sa foi et il ne dit aucune parole inconvenante devant Dieu.
Apres ce vint Sathans devant nostre Seigneur, et Nostre Sires dist à Sathan: «  Dont viens tu ? ». Sathans respondi: «  J’ai anvironné la terre et alé partout ». Nostre Sires li dist: «  N’as tu mie veü Job mon serjant qu’il n’a homme en terre semblable à lui, simples droituriers, moi doutans et departans de tout mal, et retient encore innocence. Tu m’as esmeü à lui tourmenter sans raison ». Sathans li respondi pel pour pel: «  Et quanque li homs a donra il pour fame; mais esten ta main seür sa char, si verras lors comment il te beneira ». Lors dist Nostre Sires à sathan: «  Va sathan, esten ta main, mais garde s’ame ». Adonc se parti Sathans de Nostre Seigneur, et bati Job de dolereuses plaies de la planté du pié jusques au sommet du chief si qu’il seoit en un fumier et veoit d’un tet la pouvreté de ses plaies. Lors vinst sa fame, si li dist: «  Encore demeures tu en ta semplece. Or pues tu bien beneïr, et morir ». Job respondit et dist: « tu paroles ainsi comme une fole femme doit parler. Se nous avons pris les biens de la main nostre Seigneur, pourquoi n’en prendrions nous (mie) aussi les maus ? ». En toutes ces choses ne pecha onque Job de sa bonté.
Satan retourna ensuite devant Notre Seigneur, et Ce Dernier lui dit : « D’où viens-tu ? ». Satan répondit : « J’ai parcouru toute la terre ». Notre Seigneur lui dit : « N’as-tu pas vu Job, mon serviteur à nul autre pareil, simple et honnête, qui me craint et fuit tout mal, et qui conserve son innocence ? Le tourment que tu lui as infligé m’a ému ».Satan lui répondit du tac au tac : « Un homme échangera tout ce qu’il possède pour une femme ; mais étends ta main sur sa chair et Tu verras bien alors en quels termes il te bénira ». Alors dit Dieu à Satan : « Va Satan, étends ta main mais ne touche pas son âme ». Alors Satan se sépara de Notre Seigneur et frappa Job de douloureuses et nombreuses plaies des pieds à la tête, de sorte qu’il se retrouva sur un fumier, contemplant la misère de ses plaies. Alors sa femme vint le trouver et lui dit : « Restes-tu constant dans ta foi ? Tu peux bien maintenant prier et mourir ». Job répondit : « Tu parles en femme de peu de foi. Si nous avons reçu les biens des mains du Seigneur, pourquoi n’en recevrions-nous pas également les maux ? ». Jamais Job ne pécha en ces moments mais il resta au contraire bon homme.
Apres ces choses oirent tuit ses amis Job que les maus qui li estoient avenu(s). Si le vint chascuns veoir de son lieu. Li uns ot a non Eliphaz Themanites, (et Baldad Suhites, et Sophar) Naamathites). Cist trois avoient parlé ensamble de venir visiter Job et le conforter. Quant il y (sic) furent venu et il virent Job d’un poi loing, il ne le connurent mie; Et quant il l’orent un poi aprochié, il s’escrierent fort à plorer, si descirerent fors leur vesteüres et mistrent poudre sur leur chies et (seoient) auvecques lui sur la terre .vii; jours et .vii.nuis sans parler nul mot dedens ces .vii. jours et ces .vii. nuis ains ploroient pour la grant doleur qu’il li veoient avoir.
Ensuite, ses amis apprirent les maux dont il avait été frappés. Chacun vint le voir là où il se trouvait. Ils s’appelaient Eliphaz Themanites, et Baldad Suhites, et Sophar Naamathites. Ces trois avaient convenu de venir rendre visite à Job et de le réconforter. Quand ils sont arrivés, et qu’ils ont aperçu Job d’un peu plus loin, ils ne l’ont pas reconnu. Et quand ils se sont un peu approchés de lui, ils se mirent à crier en pleurant, à arracher leur vêtement, à couvrir leur visage avec la poussière et se sont assis avec lui par terre pendant sept jours et sept nuits sans prononcer un mot, mais pleurant durant ces sept jours et ces sept nuits à cause de la souffrance qu’ils ressentaient.
Apres ce ouvri Job sa bouc(h)e si maudi l’eure qu’il (est) nez, et dist moult de paroles que nus ne doit translater, et si parlerent moult longuement si ami à lui. Et ces paroles qu’il distrent li uns à l’autre sont de si fort larme et plainnes de si grant m(auvesaitié) que nus n’en puet l(e) mistere entendre s’il n’est trop grans clers de divinité. Et pour ce les trespasserai je ci, car nus ne les devroit oser translater, car lait gent i pouraient ouvrer, si m’en irai avant la fin du livre Job. 
Comment nostres sires regarda à sa delivrance et li rendi .ii. tans d’amour qu’il n’aoit onques eu, et li donna .vii. filz et .iii. filles, si comme il avoit devant eu. 
Quant Job ot moult parlé à ses amis, nostres sires parla à lui, et il à nostre seigneur moult de manieres. Et ce ne fait mie aussi à translater pour les grans misteres qui sunt ès paroles, si les trespasserai ci aussi et vai avant en histoire.

Ensuite, Job ouvrit la bouche pour maudire l’heure de sa naissance et il ajouta beaucoup de paroles que personne ne doit traduire, et ses amis parlèrent longuement avec lui. Et les paroles qu’ils échangèrent sont si pleines de récriminations et de méchanceté que personne ne peut en entendre le mystère, à moins d’être très savant théologien. C’est pour cela que je vais passer outre, car personne ne devrait les traduire et seuls des gens très laids le feraient. Je me rendrai donc directement à la fin du Livre.  Comment Notre Seigneur délivra Job et lui rendit le double d’amour qu’il avait eu, et lui donna sept fils et trois filles comme avant.
Quant Job eu longtemps parlé à ses amis, Notre Seigneur lui parla, et Job Lui répondit longuement. Et je ne traduirai pas à cause des grands mystères qui sont contenus dans ces paroles, je les passerai sous silence et continue plus avant dans les histoires.
Quant Nostre sires ot parlé à Job les paroles comme je vous ai fait mention, il s’en alla à Alyphas Themanite et li dist: « Je me sui moult courouciés à toi et à tes amis, car vous n’avez mie parlé droiture encontre moi aussi comme Job mes serjans a fait. Va et à toi ami aussi, si prenez .ii. tonaus et .vii. moutons et ales à Job mon serjans si li bailliez. Et il les ofrera pour vous en sacrefice, et prier à moi pour vous et je retrairai son sacrefice. 
Quant Nostre Seigneur eut parlé à Job comme je viens de le dire, il s’en fut voir Alyphaz Themanite et lui dit : « Je suis en colère contre toi et ton ami, car vous n’avez pas parlé honnêtement devant Moi comme Job, mon serviteur, l’a fait. Va-t-en avec tes ami, prenez deux tonneaux et sept moutons. Allez voir Job mon serviteur et offrez-les lui.Il les offrira en sacrifice et Me priera pour vous et j’accepterai son offrande. » 
Lors s’en alerent à Job Elyphas Themanites et (et Baldad Suhites, et Sophar) Naamathites et firent ce que Nostre Sires leur avoit comman(dé). Et Nostre Sires reçut le sacrefice Job en gré. Lors se comença Nostre Sires à la penitance Job endementieres qu’il pout pour ses amis. Et li donna le double de tout l’avoir qu’il avoit eu car à lui vindrent tuit si frer(es) et ses suers, et tuit si ami qui devant l’avoient conneü. Si mengierent auvecques lui en sa meson, et le conforterent de tous les maus que Dieu li avoit envoiés.Et li donna chascuns une brebis et un aignel d’or, et Nostre Sires beneï les derreniers nés Job plus que les premiers. Et les acrut si qu’il ot .xiiii. mil berbis et .vi. mil chameus et mil charrues de bues et mil asnes, et si ot un filz et .iii. filles dont l’une ot a non Dies et l’autre Casia, et la tierce CornusTibii. Icel tems n’avoit nulle el monde si belle femme comme elles. Et leur peres leur donna grans heritages et grans possessions. Li tres sainz Job vesqui .c. et .xl. ans apres les grans tribulacions qu’il avoit souffertes. Et vit ses enfans et les enfans de ses enfans jusques en la quarte lingniee. Et lors morut viele et anciens et plains de jours.Ci fine li livres de Job.
Alors les trois amis s’en furent voir Job et ils firent ce que notre Seigneur leur avait commandé. Et Notre Seigneur reçut le sacrifice de Job en bonne part. Alors Job commença une pénitence devant Notre Seigneur aussi longtemps qu’il le put pour ses amis, et Notre Seigneur lui donna le double de tout l’avoir qu’il avait reçu car ses frères, ses soeurs et tous les amis qu’il avait eus auparavant lui furent rendus. Il partagèrent sa table et le consolèrent de tous les maux que Dieu lui avait envoyés.Il donna à chacun une brebis et un anneau d’or, et Notre Seigneur bénit les derniers nés de Job plus qu’Il ne n’avait béni les premiers. Et il augmenta leurs possessions jusqu’à ce qu’ils aient quatorze mille brebis, six mille chameaux, mille charrues avec leurs boeufs, mille ânes ; puis Il lui donna un fils et quatre filles dont l’une fut appelée Dies et une autre Casia, et la troisième Cornustibii. En ce temps là, nulle femme n’égalait leur beauté. Qui plus est, leur père leur donna un grand héritage et un grand avoir.
Le très saint Job vécut cent quarante ans après les grandes épreuves qu’il avait endurées, et il connut ses enfants, et les enfants de ses enfants jusqu’à la quatrième génération et il mourut vieux et sage après très longtemps.
Ici prend fin le Livre de Job.